dimanche 25 mai 2008

Pour tout ceux qui ont toujours voulu faire peter une geulante mais qui se sont retenus...

Il est l’heure d’arrêter de se foutre de ma gueule, avant toute chose sortez vous les doigts du cul et lisez la pièce jointe à ce courrier, vous aurez ainsi toutes les informations concernant la péripétie que vous m’avez fait traverser mi février 2008 à mon arrivée en Espagne. Je suppose que vous n’en avez pas encore pris connaissance puisque vous ne donnez aucune réponse à ma réclamation, effectuée il y a maintenant plus de trois mois.

Vous aurez noté que ce mail est acerbe et grouille de vulgarités, en effet je n’ai jamais été partisan des courriers rigides peuplés de formules toutes faites, de plus on peut considérer que le mépris et le manque de respect dont vous faites preuve à mon égard m’autorisent à vous adresser ce mail pas très élégant, j’en conviens, mais fichtrement défoulant.

Et non, je ne suis pas seulement qu’un dossier posé entre votre tasse de café insipide et le vieil ordinateur au système d’exploitation vétuste qui trônent sur votre bureau. Je suis une également une personne, une personne que vous commencez sérieusement à exaspérer.

Ce n’est pas la peine de soupirer et de vous détourner de l’écran, vous allez me lire jusqu’au bout, même si votre analphabétisme ne vous permet pas de comprendre tous les mots compliqués que j’utiliserais, vous allez entendre mes revendications.



En tout premier lieu, vous allez me rembourser le billet du voyage Lyon-Mérida, puisque je vous rappelle que j’ai été déposé en plein milieu de la circulation dans le village d’Almendralejo, situé à une cinquantaine de kilomètres de la ville d’arrivée prévue. Ajoutons à cette incroyable preuve de non professionnalisme de votre part, une deuxième encore plus rocambolesque : j’ai été contraint, pendant les trois dernières heures de trajet, de dessiner des cartes et de conseiller le chauffeur sur l’itinéraire à emprunter pour m’emmener à bon port, estimez vous donc heureux que je ne réclame pas une partie de son salaire.

Peut-être serait-il judicieux à l’avenir, pour une compagnie telle que la votre, vu son secteur d’activité et la nature de sa prestation, d’embaucher des conducteurs qui parlent plus d’une langue européenne… J’ai cru comprendre que ces chers messieurs les chauffeurs avaient organisés dans leur petite communauté de crétins qui se mettent sur la gueule jusqu’au sang devant les clients, un concours de celui qui sera le plus désagréable : ceux de mon bus ont une bonne position dans le classement, vous pourrez leur en faire part, il seront contents.

Je ne suis pas avocat, dieu m’en préserve, il n’empêche que j’ai quelques notions de base de droit. Vous n’avez pas rempli votre part du contrat, vous deviez me conduire à la gare routière de Mérida, et me laisser dormir sur mon siège inconfortable au lieu de me confier le poste de copilote. Pour ma part j’ai craché les sous dont vous disposez encore malgré vos erreurs et votre incompétence.


Ensuite, j’exige que vous me versiez 2000 euros. Je suis certain que vous ne soutenez pas cette thèse, mais il va de soit que vous êtes les seuls responsables de l’oubli qui à été le mien. Ma mégarde résulte directement du fait de votre manque de rigueur professionnelle. Jamais je n’aurais pu commettre un tel oubli si j’avais été déposé dans une gare, calmement, en disposant du temps nécessaire pour regrouper tous mes bagages. Vous aurez beau émettre tous les contres arguments que vous voudrez, VOUS ETES RESPONSABLES, si en plus on considère qu’un des membres de votre personnel s’est peut-être fait la malle avec mon ordinateur j’irais même jusqu’à dire que vous êtes des enfoirés de voleurs ; mais puisque le chauffeur a certainement omis de faire sa ronde avant de quitter le bus, je m’en tiendrais plutôt à ma version de crétins incompétents. La somme réclamée n’est pas arbitraire, elle comprends le remboursement des choses suivantes :
-L’ordinateur apple
-Le disque dur externe
-La souris optique sans fil
-Le coffret DVD de Pierre Desproges
-Le livre
-La malette
- Les frais téléphoniques exorbitants
générés par l’arrivée dans un lieu imprévu.

J’aimerais attirer votre attention sur le fait que vous m’avez fait perdre une très grande quantité de données précieuses. En vérité vous m’avez délesté de l’intégralité de mon patrimoine numérique. Je suis graphiste et je ne dispose plus de mes créations de ses 5 dernières années, sans parler de la photothèque. J’écris et j’ai perdu mes manuscrits. Ceci pour que vous compreniez bien que je ne râle pas parce que j’ai perdu les photos de mes vacances sur la cote Atlantique avec tante suzanne et son labrador, mais que vous m’avez bel et bien privé de mon outil de travail.

Pour terminer je vous rappellerais simplement que je suis volontaire européen, et que je dispose d’un réseau immense d’amis volontaires disséminés sur tout le vieux continent, sans parler de la centaine d’associations qui réservent chaque jour des billets de bus pour le départ et le retour des volontaires dans toutes les grandes villes d’Europe. Il me serait plus qu’aisé de leur parler de vous dans des termes peu élogieux, d’ailleurs vous m’excuserez, mais j’ai déjà commencé.

Si vous osez ne pas donner suite à ce mail, je vous préviens que je risque de vous casser les couilles d’une manière magistrale. Je suis tout disposé à passer par la justice s’il le faut.


Je ne vous remercie pas et vous souhaite une véritable journée de merde.


Damien Saillet.

mardi 9 octobre 2007

Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt...

Cet aphorisme énigmatique plonge mon esprit dans la plus grande perplexité, et ce de manière régulière, puisqu’il s’impose à ma pensée tous les jours au saut du lit, aux alentours de 13 h 21.

En effet, ce dicton populaire, que l’on pourrait croire inoffensif, déclenche chez moi une avalanche brûlante de questions existentielles. D’incandescentes vagues d’interrogations métaphysiques déferleront alors, tout au long du jour, dans les méandres obscurs de mon cerveau.
Elles se frayeront tant bien que mal un chemin, sinuant à travers une épaisse forêt de palétuviers philosophiques : de mystérieux arbres solidement ancrés dans le limon de ma raison et sur les branches desquels trônent de sages hiboux hypocondriaques somnolents.
Ceux-ci ont pris pour habitude de se lancer becs et plumes dans d’interminables débats ontologiques, autour d’une bouteille de martini et d’un ramequin d’anchois à la catalane (à l’inverse de ces abrutis de lézards préhistoriques qui squattent les abords de mon cerveau reptilien, sans avoir pensé une seconde à amener un décapsuleur pour s’enfiler les bières qui gisent à leurs pieds.)

Quoi qu’il en soit, l’heure que mes paupières choisissent pour s’ouvrir m’interdit de prétendre à la possession du monde, et ça m’est bien égal, car comme vous le diront tous ceux qui me connaissent : je ne suis pas homme à vouloir devenir propriétaire de planète.
Pour être honnête, j’ai déjà assez de bordel qui traîne à la maison comme ça pour ne pas en plus m’encombrer d’un astre céleste vétuste, recouvert d’une couche de pourriture immonde qu’on a baptisé « humanité ». Quitte à entrer en possession d’un truc moisi, autant que ce soit un bon bleu d’auvergne bien puant !

Vous l’aurez très bien compris, à moins que vous ne fussiez incroyablement cons : le hippie aux cheveux gras que je suis, n’entre pas dans la catégorie des prétendants au titre de « maître du monde ». Mais alors ! Qu’il me soit permis de poser la question qui s’ensuit logiquement : Qui ?
La question entière ici étant bien évidemment : « qui peut bien vouloir avoir le rêve désespérément crétin de posséder la terre au point de se lever avant le soleil ? » Un « qui » isolé de la sorte n’a effectivement aucun sens, ou alors peut-être autant de sens que la carrière musicale entamée par passe-partout (gnome galopant télévisuel, habitant un fort au large de la rochelle, dans lequel des femmes se livrent à de sensuels combats dans la boue)


Dans un premier temps, j’entrepris méthodiquement de dresser le portrait type du parfait leve-tôtiste mondo-conquérant. Finalement, devant les insupportables soulignements écarlates d’un logiciel de traitement de texte obtus qui ne tolère aucune fantaisie néologiste, je me vis contraint à l’abandon.

Mes pensées continuèrent donc le brillant cheminement entamé plus haut, et arrivèrent à échafauder un archétype satisfaisant de « celui qui se lève tôt pour que le monde puisse peut-être un jour lui appartenir ». La chose en question appartient au règne animal, bien qu’elle fasse tout pour se persuader du contraire. La créature qui nous intéresse est humanoïde, porte un costume cravate austère aux coloris gris pierre tombale, elle a vu le jour, il y a approximativement 37,6 ans. De sexe anglo-saxon et de nationalité masculine, La personne en question, qu’elle fasse partie du monde politique, médiatique ou économique, ne vise que la surcharge pondérale de son
porte-monnaie, rien d’autre ne compte ( sauf, bien sûr les valeurs universelles que sont l’argent et la monnaie, bien entendu).

Peu importe que nos petits-enfants soient promis à d’horribles saignements nasaux à chaque fois qu’ils décideront d’aller humer l’air du dehors, c’est à leurs risques et périls. Ils n’auront qu’à gambader sur l’écran, les vrais arbres ne sont pas si intéressants que ça. Qui sait ? Les pathologies de nos bambins, conséquences inéluctables de la dégradation de l’écosystème mondial, seront peut-être une source importante de potentiels marchés et nous pourrons ainsi continuer à rependre la peste capitaliste sur le globe ! Ceux qui se lèvent tôt n’auront alors que peu de matins à voir venir, et les branleurs écolos pessimistes comme moi seront encore lapidés de toutes parts par ceux qui continuent de prôner la croissance économique en oubliant de faire la sieste.

Une fois que mes élans alter-mondialistes furent calmés, il me fallut recentrer la réflexion sur l’aspect linguistique du proverbe énoncé plus haut et admettre la vacuité de ma démarche.

En effet, essayer de dresser l’archétype de celui qui se lève tôt,
revient à classer la population, à la hiérarchiser selon son pouvoir d’achat, son milieu et prétendre ainsi pouvoir lire ses comportements, anticiper ses désirs et ses aspirations, oser deviner la façon dont chaque humain raisonne. C’est avec chagrin que je me surprends à user des armes du publiciste (verrue sociétale purulente qui ne part pas à l’azote) le plus irresponsable, qui considère son prochain comme une cible, ne mesurant pas la noirceur des actes qu’il perpétue au nom du très saint marketing. Ce seront sans doute les séquelles de mes cours de communication, que l’on devrait s’empresser de rebaptiser « cours de manipulation des masses.» Une vocation qui a de l’avenir dans une société d’hypnotisés.



Deux choses me différencient clairement d’un chevalier Jedi, la première se résume à un triste constat : j’ai beau laisser glisser ma main dans les airs, d’un geste lent et empreint de mystère, sous le regard d’autrui ; la personne visée ne se range jamais à mon opinion et n’accède à aucunes de mes requêtes, rien à faire ! (Par contre j’annonce avec fierté que ça fonctionne pour forcer les portes d’hypermarchés à s’ouvrir.)

La deuxième raison réside en un fait évident : je suis incapable de faire preuve retenue lorsqu’il s’agit d’exposer mes opinions. La tirade anticapitaliste primaire qui précède le prouve :je cède à la haine la plus bestiale lorsqu’il s’agit de fustiger les infâmes prêtres de l’église consumériste planétaire, qui peuplent les yeux de couleurs appétissantes pour mieux répandre insidieusement leurs noirs éjaculats propagandistes à l’intérieur même de nos esprits, tapissant nos parois cérébrales les plus intimes de désirs indécents et autres besoins fantômes. Vous l’aurez très bien compris, à moins d’être, décidément, incroyablement cons : je tiens plus du seigneur Sith, cédant à la diatribe haineuse, que du sage Jedi, maître de ses pulsions. ( Soit dit en passant vous m’en voyez ravi, car chacun sait que les jedis sont des tarlouses qui préfèrent les sabres bleus au sabres rouges, alors que les rouges sont tout de même beaucoup mieux…) Cette parenthèse fermée, revenons en à nos moutons.


Malgré sa consonance néocolonialiste latente, qui violente l’oreille, force est de constater que le sens de cette expression n’est pas forcément celui qu’on lui attribue à la première lecture. « Les proverbes sont les lampes des mots », et ceux qui les offrent à l’humanité sont souvent très éclairés, ce qui implique que les mots dont ils usent avec style et habileté ne renvoient pas nécessairement à leur sens premier. Laissez-moi vous faire partager mon interprétation.

IL faut reconsidérer en tout premier lieu l’emploi du verbe « appartenir » ici l’idée de propriété est écartée. Je prends l’exemple d’un autre verbe au sens changeant pour appuyer mon dire :
« La chaleur de l’été s’éternisait et d’ultimes rayons de soleil menaient une lutte acharnée contre le crépuscule, répandant une lumière oblique et tiède sur la cime des arbres assoupis. Joseph observait, adossé contre un pilier de la pergola, l’alléchant spectacle de Marie qui préparait avec amour une délicieuse salade de saucisses. Cette magnifique créature portait un débardeur léger et un pantalon de toile. Elle léchait de manière sensuelle une sucette qui s’appliquait à répandre une caresse sucrée, à chacune de ses pirouettes, sur les lèvres pulpeuses de la jeune femme. Cette dernière baignait dans un rai de lumière agonisant, comme enveloppée par une brume de phytoplancton luminescent ; ce projecteur naturel donnait à sa peau de velours la douce couleur de l’abricot. Elle mélangeait avec vigueur le contenu du plat, ce qui donna aussitôt l’idée à son appétissante poitrine d’entamer un mouvement des plus hypnotique. Joseph ne pu supporter plus longtemps la brûlure que lui infligeait son désir, il se rua sur Marie : il voulait la posséder, ici et maintenant »

Vous conviendrez que dans cet extrait, le verbe « posséder » ne renvoie pas au concept de propriété ou à l’action d’acheter un bien : mais bien plutôt à l’action de se faire du bien. (Rappelons que les êtres humains, ainsi que les femmes, ne se possèdent plus, et ce depuis l’abolition de l’esclavage par mickael jordan, en 1664, lors des accords de Tchernobil, source :TF1)

L’emploi du sens figuré, ingrédient de base de la métaphore, donne une couleur toute nouvelle à notre proverbe de ce jour. Je me permets donc de reformuler l’expression selon ma propre interprétation : « Celui qui débute sa journée aux aurores savoure son existence de manière plus complète, et de ce fait multiplie ses chances d’atteindre la plénitude à laquelle il aspire. »

Je ne suis pas entièrement d’accord avec ce que je viens de dire, même si c’est savamment exposé. Le fait est que je ne comprends toujours pas pourquoi il faut se lever tôt, cet aphorisme doit être un message anti-loque. De toute façon, je vous avais prévenu au début de cette chronique que c’était de la métaphysique. Vous auriez dû vous douter que ça allait être chiant comme la mort et qu’aucune réponse n’allait être livrée : c’est toujours comme ça avec les questions existentielles, il n’y a jamais de réponse à fournir, mais uniquement des interrogations en suspens.

En vous présentant toutes mes excuses pour la médiocrité de ces lignes décousues,
je vous souhaite la félicité éternelle sur 24 générations. Bien à vous.

L’auteur.